Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Le torchon brûle entre les agriculteurs et l'Office français de la biodiversité, l'OFB, la police de l'environnement.
Hier matin, sur une radio concurrente, France Inter pour ne pas la nommer, on analysait les propos tenus par François Bayrou sur les agriculteurs dans son discours de politique générale. Le PM avait expliqué que la profession vivait comme une blessure le fait d'être accusés de détruire la nature. Il avait mis en cause l'attitude humiliante à leur égard de certains agents de l'OFB. Cette police de l'environnement compte 1700 agents de terrain, dont les rapports avec le monde agricole sont souvent tendus. Pour réagir, la rédaction de France Inter a fait intervenir un agent de l'OFB, syndicaliste FO. Qui a eu cette phrase : « on a le sentiment que ce que veulent les agriculteurs, c’est ne plus nous voir dans leurs exploitations. C’est du même ordre que si les dealeurs demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités pour empêcher le deal »
Les agriculteurs français se sont étranglés.
On s'étranglerait à moins. Un représentant de l'autorité qui avoue benoîtement qu’il considère une profession établie, légale, industrieuse comme une population de criminels en tracteurs couvrant un business intrinsèquement sale, c’est insupportable. Et les syndicats agricoles l’ont fait savoir.
Les agriculteurs y voient la démonstration que les alertes qu'ils lancent sur les dérives militantes de l'OFB sont fondées...
Au fond, ils ne sont pas vraiment surpris. C’est un hasard de l’actualité, mais je vous racontais ici même, mardi matin, l'histoire d'un éleveur de Saône et Loire, traîné en correctionnelle par l’OFB pour avoir enlevé d'un ruisseau des branches amassées par un castor. Une histoire parmi d'autres, mais quand les agriculteurs se plaignent d’être considérés comme des criminels dans leurs propres fermes par des représentants de l’Etat, on leur explique qu’ils exagèrent, qu’ils sont surtout rétifs à la protection de l’environnement. Le fait d'être traités ouvertement de dealers par un fonctionnaire sonne comme la confirmation de ce qu'ils dénoncent. Une militance extrême, anti-agricole, existe à l’OFB, et elle jette de l’huile sur le feu.
Et l'OFB dans tout ça?
Le patron de l’office a publié une réponse officielle. Les propos tenus par un agent syndiqué n’impliquent pas l’OFB et que les personnels ont tout son soutien. Pas une excuse, pas une condamnation de l’insulte proférée à une heure de grande écoute sur le service public. Pas de vagues.
Faut-il démanteler l’OFB ?
Certains le demandent. Et ne pas écouter la colère qu’ils ressentent à être insulter, c’est alimenter ce populisme. La plupart des paysans ne demandent pas le démantèlement de l’OFB, ni la fin des contrôles ni la destruction du droit de l’environnement. En revanche, ils exigent des règles lisibles, qui ne les criminalisent pas de fait par leur empilement inextricable et une remise à plat des méthodes de l’OFB, plus portée sur la schlague que sur la pédagogie. Et surtout, ils ont le droit au respect de la part des services de l’Etat. Ce respect commence par le rappel à l’ordre de ceux qui ont fait de l’OFB une milice verte au service de leur idéologie personnelle.