«Il est très mauvais pour l'État de se mêler de la gestion des entreprises privées», estime Bernard Arnault
Ce mercredi, alors qu'il était questionné sur l'appel au patriotisme économique du président de la République Emmanuel Macron, le patron de LVMH Bernard Arnault a estimé qu"'il (était) très mauvais pour l'État de se mêler de la gestion des entreprises privées".
Bernard Arnault, PDG de LVMH, a estimé mercredi qu'"il (était) très mauvais pour l'État de se mêler de la gestion des entreprises privées", alors qu'il était interrogé sur l'appel au patriotisme économique d'Emmanuel Macron.
Une incitation à la délocalisation ?
"Je crois qu'il est très mauvais pour l'État de se mêler de la gestion des entreprises privées et en général, ça mène à la catastrophe", a déclaré Bernard Arnault, interrogé par la commission d'enquête du Sénat sur les aides publiques aux grandes entreprises.
"Je ne pense pas qu'il soit très opportun de tenir compte des conseils de ce genre, d'où qu'ils viennent", a-t-il ajouté. "Je considère que le groupe LVMH est peut être le groupe le plus patriote qui existe en France dans le CAC 40", a-t-il aussi déclaré.
En janvier, le PDG du numéro un mondial du luxe LVMH (Louis Vuitton, Dior, Hennessy, Moët et Chandon, Givenchy...) avait créé la polémique en déclarant que les mesures fiscales françaises envisagées dans le budget 2025, notamment une surtaxe pour les grandes entreprises, étaient "une incitation à la délocalisation".
Il revenait des États-Unis où il avait assisté en bonne place à l'investiture de Donald Trump. Le groupe LVMH possède trois ateliers Louis Vuitton aux États-Unis, dont un au Texas. "Quand j'ai repris le groupe LVMH, et notamment Louis Vuitton en 1989, ils produisaient déjà aux États-Unis. Donc il n'y a rien de nouveau sous le soleil", a-t-il dit mercredi.
Bernard Arnault appelle l'Europe à prendre exemple sur les Anglais
"Je dirais que, aujourd'hui, c'est un avantage parce qu'il y a cette menace des droits de douane américains dont on ne sait pas encore exactement où ils vont aller", selon Bernard Arnault. "Lorsqu'un de mes concurrents dit qu'il n'a pas envie de fabriquer aux États-Unis, pays où ses ventes ont baissé fortement, ça ne me surprend pas. Mais nous, on n'est pas dans ce cas-là. Nos ventes augmentent", a-t-il ajouté.
Le 13 mai, son concurrent François-Henri Pinault, PDG du groupe de luxe Kering, propriétaire des marques Gucci, Yves Saint Laurent ou encore Balenciaga, interrogé par la même commission et sur le même sujet avait déclaré que "ça n'aurait pas de sens d'avoir des sacs Gucci italiens fabriqués au Texas".
Bernard Arnault a appelé l'Europe à prendre exemple sur "les Anglais qui ont très bien négocié". "L'Europe est un allié traditionnel des États-Unis et réciproquement. Et Monsieur Trump est très ouvert à ça", a déclaré le PDG de LVMH qui a de nouveau été reçu début mai à la Maison Blanche par le président américain, qui les a qualifiés de "très bons amis".
"Si on le menace, si on lui dit +soit nous on arrive, on va prendre telle ou telle mesure, soit on ne veut plus que nos entreprises investissent aux États-Unis+, on aura le résultat inverse", a expliqué Bernard Arnault. Il a notamment déclaré que "pour la France, le risque est majeur" pour le secteur du cognac qui emploie en Charente 80.000 personnes et dont 80% des ventes dans le monde se font en Chine et aux États-Unis.
"On sous-estime le problème", selon lui et si les tensions commerciales demeurent, "il sera trop tard et on va être dans les plans sociaux, ça va être une catastrophe".